28 novembre 2008
Excellence,
A la 57ème Session Plénière sur la Question de la Palestine, vous avez brisé un tabou qui a longtemps agi pour affaiblir et embrouiller la réponse internationale aux conditions politiques et humanitaires, désastreuses et en voie de détérioration rapide, faites aux Palestiniens.
Vous avez décrit les politiques d’Israël dans les Territoires Palestiniens Occupés comme semblables aux politiques mises en place par feu le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Vous avez exhorté les Nations Unies à utiliser sans crainte le terme « apartheid ». Et vous avez tiré une conclusion en vue d’une action :
« Aujourd’hui, peut-être devrions-nous, aux Nations-Unies, envisager de suivre l’exemple d’une nouvelle génération de sociétés civiles, qui en appellent à une campagne non-violente de boycott, désinvestissement et sanctions pour faire pression sur Israël, afin qu’il mette fin à ses violations. »
Nous, IJAN (International Jewish AntiZionist Network/Réseau International Juif Antisioniste) souhaiterions vous dire que nous apprécions ces paroles opportunes pour lesquelles nous vous exprimons notre gratitude.
Le régime en Israël partage beaucoup de similitudes avec l’époque de l’apartheid en Afrique du Sud. A certains égards, les comportements politiques d’Israël sont plus néfastes et plus dangereux que ne l’était l’apartheid en Afrique du Sud. Ce fait a été admis par des journalistes, des intellectuels et d’éminents Sud-Africains, y compris le Président Mandela et l’Archevêque Desmond Tutu. La situation à Gaza est catastrophique et le temps n’est plus aux atermoiements. Votre discours sans détours nous redonne du courage.
Etant donné le long passé d’Israël ignorant les Résolutions des Nations Unies et l’opinion publique mondiale, seule une société civile menant campagne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions ( B.D.S.) pourrait contraindre les dirigeants d’Israël à faire le choix du compromis plutôt que de la belligérance. Les organismes de l’ONU et ses institutions pourraient jouer un rôle important pour initier cette campagne en vue d’une efficacité réelle. C’est une obligation particulière des Nations-Unies, dont les décisions prises jadis à propos de la Palestine ont contribué à la mise en place de l’apartheid en Palestine et dont les efforts réitérés, pour amener Israël à répondre de ses violations persistantes des Résolutions des Nations Unies, ont toujours été vains.
Nous souhaitons très vivement que votre message soit pris en compte et qu’il serve à insuffler un nouveau dynamisme à la défense internationale de la paix et des droits humains. Nous saluons également l’assurance croissante et l’implication active prises par des Pays du Tiers Monde comme le Nicaragua pour promouvoir ces droits --- particulièrement ces pays dont les propres histoires de libération conduisent à une sympathie croissante pour le peuple palestinien et à une meilleure compréhension des origines de l’oppression en Palestine.
Nous saisissons aussi l’opportunité de noter que la mise en place de l’apartheid n’est pas limitée à l’intérieur des Territoires Occupés Palestiniens, mais qu’elle est aussi largement présente dans les régions dévolues à Israël par les frontières de l’armistice de 1949, qu’elle se manifeste également dans le déni du droit au retour pour les Palestiniens réfugiés. Les Palestiniens habitant la Galilée et le Néguev sont soumis à des campagnes de « développement » qui ont pour objectif d’établir des habitats uniquement juifs et des colonies, et en même temps de détruire les communautés palestiniennes et de les éradiquer. Ces campagnes de « développement » offrent de fortes similitudes avec les projets de colonisation dans les Territoires Occupés Palestiniens. La discrimination envers les Palestiniens dans tous les aspects de la vie est incrustée, incluant en même temps une violence policière de fond et une violence de milices sporadique, comme cela s’est produit récemment à Saint Jean d’Acre (Akka ). Israël a ratifié le traité international de 1965 contre les discriminations raciales et cependant les incidents racistes vont croissant , et la discrimination raciste de l’Etat est omniprésente.
Nous prions vivement les Nations Unies de poser le problème de l’apartheid en Israël de telle façon qu’il ne soit pas limité aux Résolutions des Nations Unies concernant les frontières ( 181 et 242 ) et à la loi internationale sur l’occupation militaire, mais qu’il englobe la totalité des Résolutions des Nations Unies et des Conventions internationales pertinentes, incluant notamment la résolution 191 affirmant les droits au retour des réfugiés, la Convention traitant des Droits Civils et Politiques , la Convention Internationale sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels, la Déclaration de 2007 sur les Droits des Peuples Indigènes, la Convention de1965 sur l’Elimination de Toutes les Formes de Discrimination Raciale, la Convention de 1951 sur la Prévention et la Sanction du Crime de Génocide et, comme vous l’avez mentionné dans votre discours, la Convention Internationale de 1973 sur la Suppression et la Sanction du Crime d’Apartheid.
La résolution globale de ce problème
est d’abord et avant tout, d’avoir pour objectif d’assurer la sauvegarde et les droits du peuple palestinien. Cependant, nous croyons que la violence de l’apartheid et de l’occupation de l’Etat d’Israël met en danger tout peuple, y compris les Juifs, dans la région et au-delà. Une paix juste peut apporter la sécurité, uniquement, si Israël met fin d’abord à son régime d’apartheid et à l’occupation de la Palestine. Mais une paix durable demandera une réelle égalité, une redistribution de la terre et des ressources et une conciliation pour indemniser les dommages perpétrés. Cela doit inclure un processus collectif au cours duquel la société Juive Israélienne prendra conscience de l’oppression dans laquelle elle a été impliquée et à laquelle elle a participé. Là seulement est le seul espoir réaliste pour les juifs du Moyen-Orient d’un avenir de liberté et de paix. Dans ces mots visionnaires de Nelson Mandela :
« Les réponses données par l’Afrique du Sud aux abus à propos des droits humains perpétrés respectivement par les politiques de déplacement (transfert) et les politiques d’apartheid mettent en lumière le chemin que la société israélienne doit nécessairement parcourir avant de pouvoir parler d’une paix juste et durable dans le Moyen-Orient et d’une fin de sa politique d’apartheid. »
En tant que organisme constitué dont le but est de représenter le monde, les Nations Unies ont un rôle important à jouer pour amener les Israéliens juifs à concevoir en même temps l’urgence et les bénéfices qu’ils auraient à rejoindre le consensus global contre l’apartheid Nous vous remercions pour l’honnêteté et le courage dont vous avez fait preuve à parler de telle façon qu’ils puissent entendre votre message.
Vous avez déjà été accusé d’antisémitisme et malheureusement de telles accusations continueront d’être portées contre vous par des partisans de l’apartheid. Nous condamnons de façon catégorique ceux qui portent ces accusations, accusations qui sont, non seulement
sans fondement et pernicieuses, mais aussi irrespectueuses vis-à-vis de la mémoire des millions de Juifs qui furent victimes d’un véritable antisémitisme. Nous abhorrons l’utilisation de cette mémoire pour justifier des crimes et pour faire taire les appels à la compassion et à l’humanité. Nous comprenons vos actions plutôt comme une façon d’honorer l’histoire de la persécution des Juifs et l’expression de l’intérêt que vous portez à tous ceux qui vivent dans l’Etat d’Israël, la Cisjordanie, Gaza et toute la région.
Nous sommes dans l’attente de continuer notre mission pour soutenir l’action de boycott, de désinvestissement et de sanctions ( B.D.S.), et nous espérons qu’une participation redynamisée des Nations Unies à cette campagne abrégera le chemin vers la libération palestinienne et la fin de l’apartheid en Israël.
Nous vous assurons de notre plus grand respect.
International Jewish anti-Zionist Network (I.J.A.N.)
traduit de l’anglais